La naissance de la marque Tesla s’est accompagnée d’une philosophie et d’un mouvement international. Il s’agit d’un nouveau style antisystème inspiré du patron charismatique de la marque, Elon Musk. En l’intervalle de 12 ans, Tesla a fait des adeptes partout dans le monde. Un réseau de mordus et d’admirateurs de la marque américaine s’est tissé un peu partout, même dans les pays les plus éloignés. Aujourd’hui, la Tunisie en fait partie à travers un club dédié à Tesla créé en 2018 sur les réseaux sociaux. Dans cette interview avec l’un des membres de ce club et administrateur de Tesla Club Tunisia, ce dernier met l’accent sur les raisons de création d’un tel club et la philosophie derrière ce mouvement. L’occasion de parler des difficultés que rencontre aujourd’hui le développement de la voiture électrique en Tunisie.

Quelles sont les raisons ou motivations derrière la création d’un club Tesla en Tunisie tout en sachant qu’il n’y a pas de représentant officiel de la marque américaine dans le pays?

Primo, Tesla est un leader de l’électrique. C’est une marque qui est venue révolutionner totalement l’industrie automobile. Secundo, son jeune patron représente l’avenir et l’innovation grâce à sa marque qui est devenue un symbole à l’échelle internationale. La page « Tesla Club Tunisia » a été lancée en 2018 par Souheil Bentegherouit. Le but n’était pas de créer un club ou une secte regroupant les propriétaires tunisiens de voitures Tesla, mais plutôt de mettre en place une plateforme sur les réseaux sociaux aidant tout Tunisien ou étranger à naviguer dans le pays en électrique et à accéder à toutes les informations en relation avec la marque Tesla. Ultérieurement, nous nous sommes dits que ce serait une bonne idée de promouvoir les bornes de recharge pour les véhicules électriques, toutes marques confondues, pour que nous puissions provoquer un changement en montrant que la Tunisie est aussi connectée et qu’elle suit l’évolution mondiale.

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Y-a-il des règles pour adhérer au club ?

En fait, nous n’avons pas des membres au vrai sens du terme ou de cartes d’adhésion ni des frais annuels à payer. Le but est uniquement de rassembler. Celui qui possède une Tesla, en Tunisie ou à l’étranger, peut faire partie de ce club. L’objectif est de défendre une cause et de créer un mouvement et pas créer une base sectaire ou un cercle fermé de propriétaires de voitures Tesla. Ceux qui ne possèdent pas de Tesla peuvent également faire partie de ce mouvement et rejoindre cette cause. Au final, il ne s’agit pas de la cause personnifiée d’Elon Musk ou liée uniquement à Tesla, c’est devenu beaucoup plus important que nous. C’est pourquoi nous étions également fiers de partager l’entrée officielle en Tunisie de la première voiture électrique, la MG EZS, puis de la Hyundai Kona et maintenant le Taycan électrique.

Combien de propriétaires de voitures Tesla y-a-t-il en Tunisie ?

Selon nos informations, il y en a 3 : deux Model S et un Model 3. Ce sont des voitures affichant une immatriculation tunisienne. Néanmoins, si nous comptons les Tunisiens résidents à l’étranger et les touristes, le nombre est beaucoup plus important. Bien que ce nombre soit limité, nous avons trouvé de l’intérêt chez les touristes notamment. C’est donc cela qui fut le déclencheur et la motivation pour nous engager et décider de mettre les choses en mouvement.

tesla-club-tunisieSi votre premier objectif est de rassembler, quelles actions avez-vous menées dans ce sens ?

En 2019, nous nous sommes associés à Tunisian Cars dont la page Facebook compte plus de 250.000 abonnés. Une association qui se veut une plateforme qui rassemble tous les véhicules les plus intéressants, les plus extraordinaires et les plus originaux. A l’aide de Tunisian Cars, nous avons organisé un événement baptisé « Tesla Experience Tunisia ». Le but était de permettre, pendant une journée au Lac II, à tous qui ceux le souhaitaient, de venir découvrir la voiture de près, monter à bord, prendre des photos et s’informer. Nous l’avons fait avec le Model S. Par ailleurs, quatre personnes ont été choisies pour monter à bord de la voiture et participer à un Road Trip préparé par Tunisian Cars dans la région de Gammarth, Carthage et Sidi Bou Saïd. Le Road Trip a été filmé et diffusé sur notre page. Plus tard, nous avons réorganisé, aussi en 2019, le même événement pour le Model X, mais cette fois à Sousse et avec la participation de Tunisians Cars. Le nombre de participants était plus important. C’était pour nous une manière de jauger. Nous avons en fait trouvé de l’intérêt auprès de la population et des jeunes. Certains venaient découvrir la Tesla pour la première fois mais d’autres étaient déjà intéressés et sensibilisés par rapport à la voiture électrique. Ceci nous a motivés encore plus. Par conséquent, nous avions prévu d’organiser un troisième événement pour le Model 3. Malheureusement, la situation épidémique ne l’a pas permis. Nous avons été obligés de le repousser à maintes reprises. Cependant, au mois de mars dernier, nous avons été contactés par un représentant de l’Office national du tourisme à l’étranger dans le but de planifier un itinéraire à bord du Model 3 à l’occasion d’un Road Trip pour motos. En effet, nous avons établi un itinéraire «bis» avec les points de recharge disponibles et le nombre de km à parcourir, tout en permettant d’être en phase avec l’itinéraire des motos.

Changer la mentalité de ceux qui n’ont pas l’habitude de l’électrique »

En somme, ces événements sont très importants afin d’expliquer aux participants l’importance de ce nouveau type de mobilité et de répondre à toutes leurs questions. De même, nous souhaitons pouvoir faire des séances de présentation thématiques sur la voiture électrique et comment elle fonctionne, tout en essayant de changer la mentalité de ceux qui n’ont pas l’habitude de l’électrique ou qui n’ont pas eu opportunité de découvrir une Tesla.

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Le premier casse-tête pour quelqu’un qui roule en électrique en Tunisie, c’est la question de la recharge. Comment avez-vous pu résoudre ce problème ? Et comment peut-on recharger aujourd’hui une Tesla ?

Pour une Tesla ou toute autre marque électrique, la majorité des recharges se font à domicile, soit via une prise de 220 V, soit avec une borne de recharge dédiée avec un compteur modifié auprès de la STEG. Puis, lors des déplacements, il y a les bornes de recharge dans les stations-service Total qui se mettent en place. La SNDP a également conclu un contrat avec la STEG pour l’installation des bornes de recharge. Shell et Ola Energy vont suivre. Maintenant, les choses commencent à bouger et le réseau des bornes de recharge commence à se densifier.

L’objectif de Tesla Club Tunisia est de défendre une cause et de créer un mouvement »

Néanmoins, en 2019, quand il n’y avait pas de bornes de recharge dans les stations-service, nous avons dû importer nous-mêmes des bornes de recharge Tesla à nos frais et les installer dans des hôtels. Le premier hôtel où nous avons eu un écho positif, c’était le Mövenpick Sousse. Nous avons pu y installer la première borne de recharge. Puis, nous avons enchaîné avec tous les hôtels de la chaîne sur le territoire tunisien. Cela nous a permis en 2019 d’avoir des points de recharge dans les villes de Tunis, Sousse, Sfax et Djerba. L’important pour nous était les villes côtières et aux environs de l’autoroute. Ultérieurement, nous avons eu d’autres demandes d’autres hôteliers pour l’installation de bornes de recharge. Actuellement, nous en comptons à peu près une trentaine dans toute la Tunisie. Nous les avons toutes essayées. Le but final est d’avoir un réseau qui couvre tout le territoire.

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Comment les autorités pourront-elles aider au développement de la voiture électrique en Tunisie ?

Nous espérons avant tout qu’il y ait une réduction des frais sur l’importation des bornes de recharge étant donné que nous payons actuellement 51% de droits de douane. A titre d’exemple, pour une borne de recharge Tesla qui coûte entre 500 et 600 euros, nous payons 900 dinars de frais de douane. Nous parlons là de la borne de recharge la moins chère. Or, pour une borne qui coûte de 2000 à 3000 euros, nous payons 1500 euros, soit 5000 dinars de frais de douane. Cette politique n’aide pas en fait à introduire la voiture électrique. Heureusement que l’Etat ne taxe pas la consommation des véhicules électriques. En réalité, l’Etat nous donne de l’argent de la main droite pour le récupérer de la main gauche avec ce système en payant 51% de droits de douane sur les bornes de recharge.

Peut-on bénéficier de toute la technologie à bord d’une Tesla en Tunisie ?

Pas vraiment. Seules certaines régions des Etats-Unis, le Canada et la Norvège bénéficient de la conduite quasi-autonome des voitures Tesla. Quant à la Tunisie, nous pouvons bénéficier de la conduite autopilotée pour le changement de voies, pour lire et suivre les lignes et dépasser une voiture. Bien que certaines fonctionnalités ne marchent pas en Tunisie, la voiture Tesla est très simple à conduire et à manipuler sur les routes.