Le constructeur automobile tunisien Wallyscar s’apprête à mettre sur le marché une nouvelle micro-citadine, la 619. Le pourquoi de ce choix et de ce positionnement.
Après l’Izis et l’Iris, le constructeur automobile tunisien Wallyscar va lancer à compter du mois d’avril 2021 un nouveau modèle, la Wallys 619. Il s’agit d’une petite citadine de 5 portes dotée d’un moteur 5 CV et qui sera commercialisée à moins de 30.000 DT, ce qui en fera le véhicule le moins cher avec cette motorisation et sur ce segment en Tunisie.
Ce positionnement n’est cependant pas fortuit. « Ces 5 dernières années, il y a eu un changement dans le comportement du Tunisien et nous avons la chance de pouvoir répondre à cette tendance et aux nouveaux besoins » analyse Omar Guiga, PDG et co-fondateur de Wallyscar.
Pour pouvoir fournir au marché un véhicule en phase avec ses attentes offrant un rapport qualité-prix imbattable, le constructeur est parti à la recherche d’une plate-forme pratique, amortie, qui éviterait de devoir payer des coûts de développement à un carrossier. Il fallait trouver un modèle de voiture compacte, avec une garde au sol acceptable, qui soit économique en termes de consommation et d’entretien, qui plaise par exemple aux jeunes employés et même aux étudiants et qui soit accessible à l’achat.
Partenaire iranien
C’est en Iran que Wallyscar a déniché un fournisseur et partenaire, en l’occurrence auprès du constructeur local Saipa, qui possède une plate-forme d’origine sud-coréenne utilisée depuis 30 ans pour son modèle Saipa 111 mais qui a également servi pour la Kia Pride ou encore pour la Ford Festiva et qui a largement fait ses preuves au cours des trois décennies en termes de robustesse et d’efficience. Wallyscar a donc acquis cette plate-forme pour permettre le montage de sa 619 en Tunisie, et a également acheté les tableaux de bord (utilisé sur la Saipa 111) et les phares.
« Nous avons en plus acheté les moules pour les portes, les capots, la malle arrière et les pare-chocs pour assurer un emboutissage local et garantir ainsi une disponibilité en pièces de remplacement » explique le PDG de la société.
Quant au moteur, il s’agit d’un bloc de technologie Kia développé depuis la fin des années 2000, conforme aux normes Euro 4 et Euro 5 et produit en Turquie. Pourquoi ce choix ? « Ces moteurs sont fiabilisés depuis longtemps, correspondent aux normes en vigueur dans notre pays. Ils peuvent accueillir n’importe quel carburant, ils sont dotés d’un minimum d’électronique » explique Omar Guiga. En d’autres termes, une voiture facile d’usage et d’entretien grâce à une mécanique très simple.
Intégration locale à 42%
Si la plate-forme et certains composants viennent de l’étranger, 42% des pièces qui constituent la Wallys 619 sont produites localement : le câblage, le vitrage, la sellerie, les pneumatiques, les filtres, la batterie, le réservoir, le circuit d’échappement, etc. Un taux d’intégration supérieur au minimum requis de 40% tel que défini par l’OMC qui permet au véhicule de se prétendre « Tunisien de fabrication ».
Quant au design, les constructeurs défendent leur approche et préfèrent parler d’une vision intemporelle, vintage, sur un segment spécifique qui n’est pas destiné à plaire à tout le monde : « Wallyscar a toujours été à contre-courant, dans un style néo-rétro, notamment avec l’Iris qui est un véhicule de niche, avec l’Izis qui s’inspire de la Jeep, et désormais avec la 619 qui s’inscrit dans la pérennité et non pas dans l’obsolescence programmée » se justifie Omar Guiga.
« Même si on ne plait pas à 60% des consommateurs, les 40% qui voudront utiliser l’outil nous suffisent ». L’argument de Wallyscar est donc d’offrir des voitures qui ont une durée de vie allongée, « 20 ou 30 ans si elles sont bien entretenues, car on ne s’est jamais inscrits dans le futurisme ».
Où va-t-elle être fabriquée ?
La société Wallyscar vient d’achever les travaux d’une nouvelle chaîne de montage de 5000 m² couverts sur son site de Kabaria en banlieue sud de Tunis. Elle sera destinée à la fabrication de la 619 mais également du pick-up 216. Ayant été homologués d’abord en Espagne puis en Tunisie par les services de l’ATTT (Agence technique de transport terrestre), la production de ces modèles devrait démarrer incessamment avec des premières livraisons prévues entre avril et juin 2021. « Nous sommes des constructeurs et non pas des monteurs » tient à rappeler le PDG de Wallyscar.
« Il y a toute une logistique d’approvisionnement à assurer étant donné que les composants arrivent de plusieurs endroits. Le défi est aussi d’arriver à se faire livrer en temps et en qualité par nos fournisseurs locaux, cela diffère d’un montage avec toutes les pièces qui vous sont apportées dans un même conteneur ».
Quant à l’entretien de ces véhicules qui seront proposés avec une garantie de deux ans, un nouvel accord a été signé avec Vivo Energy Tunisie pour assurer notamment les vidanges des Wallys dans les stations Shell qui seront fournies en pièces d’usure et pièces détachées. De plus, un nouvel atelier pour le SAV est également en cours de construction sur le site de l’usine destiné à l’entretien rapide des véhicules. La 619 sera proposée à 28.800 dinars. Clin d’œil du PDG qui ne veut cependant pas ouvrir le débat sur le sujet : « nous aurions pu la proposer à 20.000 dinars n’eut été la TVA de 19% ainsi que les droits de douane qui nous placent au même niveau que les importateurs de voitures de l’étranger en dépit de la valeur ajoutée que nous apportons au tissu industriel local ».
Découvrez le prix de la Wallys 619
