L’électro-mobilité est-elle une menace pour les producteurs de lubrifiants automobiles ? Comment ce secteur va-t-il négocier ce virage vers l’électrique que le monde est en train de négocier. Avec 4000 produits dans la chimie automobile, Liqui Moly est sans aucun doute un cas typique d’entreprise exposée au bouleversement qui se prépare. Sauf que son directeur général, Günter Hiermaier, a un autre avis sur la question.

Un fabricant d’huiles moteur et d’additifs doit-il craindre l’électromobilité ?
Non, pas du tout. Cela signifie pour nous des affaires supplémentaires, car nous pouvons lancer de nouveaux produits spécialement conçus pour les véhicules électriques, le dernier en date étant une huile de transmission pour Tesla et un liquide de refroidissement pour piles à combustible.


Mais ces véhicules n’ont plus besoin d’huile moteur.

Pas ces véhicules. Mais pensez aux millions de voitures à moteur à combustion qui sont sur les routes. Même si du jour au lendemain, plus aucune voiture à moteur à combustion n’était produite, il faudrait plus de 15 ans pour que les dernières disparaissent. Nous nous concentrons beaucoup plus sur le marché de l’après-vente que sur celui des équipements d’origine, car le changement ne se fera que progressivement. De plus, je ne me risquerais pas à rédiger la nécrologie du moteur à combustion dès maintenant. Il sera passionnant d’observer le développement des e-fuels. Les carburants synthétiques produits sans impact sur le climat peuvent encore offrir une longue existence au moteur à combustion.

Il faudrait plus de 15 ans pour voir les voitures à combustion disparaître

Mais le marché mondial de l’huile moteur va se réduire.
Et nous allons quand même nous développer sur ce marché, car nous continuerons à augmenter notre part de marché. Les huiles moteur modernes sont de plus en plus exigeantes en termes de fabrication, de sorte que de nombreux petits fabricants d’huile ne peuvent pas suivre ce changement et disparaîtront du marché. Mais pas de doute : à long terme, la transformation de la mobilité représente bien sûr un changement important pour nous aussi. Ça ne nous fait pas peur pour autant. Nous avons toujours été à la pointe des nouvelles technologies, qu’il s’agisse du nettoyage des filtres à particules diesel, des problèmes liés au LSPI ou des huiles moteur de plus en plus fluides. La gamme de produits connaîtra des changements significatifs, mais nous restons le spécialiste de la chimie automobile. Notre gamme de produits est extrêmement diversifiée. Outre les huiles et les additifs, nous proposons également des graisses et des pâtes, des produits de service tels que des nettoyants pour freins, des produits d’entretien automobile, des protections de dessous de caisse, des matériaux pour la réparation des vitres et bien d’autres choses encore. Nous proposons des produits adaptés à chaque véhicule, qu’il s’agisse d’un véhicule à combustion ou d’une voiture électrique.


Que conseillez-vous aux garages pour lesquels la vidange d’huile constituait jusqu’à présent le principal chiffre d’affaires ?

Bien entendu, ils doivent également s’adapter. Non seulement sur le plan technique, mais aussi en tant que vendeur. Autant de nombreux garages sont compétents sur le plan technique, autant certains sont réticents pour vendre. Il ne s’agit cependant pas de faire miroiter au client des prestations dont il n’a pas besoin. Il s’agit de lui proposer des prestations qui sont utiles d’un point de vue technique et dans son intérêt, mais auxquelles il n’avait pas pensé. Par exemple, la préparation du véhicule ou le nettoyage de la climatisation.

Vous avez annoncé récemment la mise au point d’un liquide de frein spécialement conçu pour les véhicules à propulsion électrique. Quelles sont ses particularités ? 
Le liquide de frein DOT 5.1 EV a été développé pour les systèmes des véhicules modernes, qu’ils soient électriques, hybrides ou conventionnels. Pour tous ces véhicules, le liquide de frein doit généralement être remplacé tous les deux ans. Mais les points communs s’arrêtent là, car le profil d’exigences des véhicules électriques est parfois totalement différent. Mais les systèmes de freinage des véhicules partiellement ou entièrement électriques sont plus exigeants. L’une d’elles est la protection anticorrosion. Comme le moteur électrique fait également office de frein et en tire de l’énergie pour la batterie, le système de freinage mécanique est moins souvent utilisé. Cela entraîne une corrosion ponctuelle. Des additifs spéciaux permettent de contrer ce phénomène. Les liquides de frein comme notre nouveau DOT 5.1 EV doivent fonctionner même lorsque le système de freinage est chaud et nécessite donc un point d’ébullition à sec et un point d’ébullition humide élevés.