Firas Larbi, consultant en assurance, aborde dans cette interview l’impact de la fraude sur la branche de l’assurance automobile en Tunisie et les solutions à adopter pour lutter contre ce fléau jugé dévastateur pour l’assureur et l’assuré.
Dans le monde de l’automobile, si les fraudeurs font parfois preuve de beaucoup d’imagination, les solutions pour lutter contre le phénomène existent et les assureurs usent de plus en plus de méthodes sophistiquées pour les débusquer. L’évolution de la technologie chez les constructeurs automobiles aide beaucoup dans ce jeu du chat et de la souris.
Quel impact du fléau de la fraude sur le secteur de l’assurance automobile en Tunisie ?
Comme vous l’avez mentionné, le mot « fléau » est le terme qu’il faut pour décrire la fraude étant donné qu’il s’agit d’une calamité qui s’abat sur l’assurance. La fraude est payée par l’assuré honnête dont la prime augmente parce qu’il y a un autre assuré malhonnête qui a fraudé. Aujourd’hui, nous parlons de 15% de fraude dans le secteur de l’assurance automobile en Tunisie. En d’autres termes, 15% des sinistres déclarés sont de la fraude. C’est beaucoup d’argent avec un impact énorme sur l’augmentation de la prime assurance.
Des fraudeurs qui, en utilisant une copie de la clé, font croire à l’assureur que la voiture a été dérobée.
Quelles solutions sont-elles aujourd’hui disponibles pour lutter contre la fraude dans l’assurance auto ?
A mon avis, il faudra investir dans la lutte. Nous prenons l’exemple d’un vol total de véhicule. Ce n’est pas facile comme le prétendent certains de voler une voiture et ce n’est pas n’importe qui est susceptible de le faire. A cet égard, il est essentiel pour nous de savoir faire la différence entre le vol et la fraude. Il y a des méthodes pour orienter les pistes d’enquête et pour permettre d’identifier s’il y a lieu d’un vol ou de fraude parmi lesquelles l’analyse des informations fournies par la clé de la voiture.
En fait, il y a deux catégories de manipulation. La première est utilisée par les bandes organisées et dans le cadre de crimes prémédités. Ce sont des gens ayant investi dans des outils très coûteux pour pouvoir démarrer la voiture en question une seule fois et la voler. Il y a, par ailleurs, d’autres méthodes qui dérangent particulièrement les assurances. Il s’agit des fraudeurs qui, en utilisant une copie de la clé, font croire à l’assureur que la voiture a été dérobée.
Le vol de voitures récentes est-il plus facile par rapport aux anciens véhicules ?
Au contraire, le vol de véhicules est devenu beaucoup plus difficile étant donné qu’avec les anciennes voitures, les clés ne contenaient pas de composants électroniques. Elles étaient entièrement mécaniques. Comme nous le voyions dans des films, il suffisait aux voleurs de provoquer un court-circuit pour démarrer le véhicule. Maintenant, ce n’est plus le cas. La nouvelle génération de voitures est assez sécurisée pour empêcher cela. Il faut dire, toutefois, que le vol est similaire au jeu du chat et de la souris.
Les bandes criminelles essaient toujours de faire évoluer leurs pratiques au rythme avec lequel le constructeur automobile développe ses technologies de sécurité et d’antivol. Les voleurs cherchent toujours à trouver la faille avec chaque modèle qui sort des usines des constructeurs.
Les compagnies d’assurances sont-elles aujourd’hui préparées pour utiliser ces nouvelles méthodes de lutte contre la fraude ?
Je ne dirais pas si elles sont préparées ou non mais je pourrais confirmer qu’elles pourraient le faire. Il existe des méthodes nécessitant des technologies comme l’analyse des clés, un appareillage spécifique, un accès à la base de données du constructeur mais il y a d’autres méthodes simples ne nécessitant qu’un expert avec une formation de quelques jours pour qu’il puisse les appliquer et identifier les éventuelles fraudes.