Entretien avec Mehdi Mahjoub, directeur général Alpha Hyundai Motor

Hyundai Tunisie confirme cette année que son succès de 2022 n’était pas le fruit du hasard en se maintenant sur la première marche du podium des ventes des véhicules particuliers en Tunisie. Car avoir une bonne marque ne suffit pas pour rester en pôle position. A bâtons rompus avec Mehdi Mahjoub, directeur général d’Alpha Hyundai Motor, concessionnaire de la marque sud-coréenne pour dresser le bilan de l’année écoulée.

Hyundai encore une fois sur la première marche du podium des ventes des véhicules particuliers en Tunisie en 2023. Quelle est la recette ?
C’est le fruit du travail des 5 dernières années et de la compétence des équipes mises en place. Il est vrai que la marque aide beaucoup étant donné qu’il est difficile d’être premier sans avoir une bonne marque sur laquelle s’appuyer. Là, je rappelle que Hyundai est le troisième constructeur mondial. Il est donc indispensable d’avoir une équipe compétente et compétitive. Pour la composer et la préparer, il a fallu du temps pour lui inculquer les valeurs et lui faire adopter une approche centrée sur le client. Il a fallu du temps également pour installer un réseau conformément aux exigences et de le fédérer autour de notre stratégie.

Il y a, bien évidemment, un fournisseur avec qui nous entretenons d’excellentes relations basées sur la confiance, ce qui facilite énormément notre travail. Sans oublier bien étendu la stratégie, la communication et le choix des modèles importés qui interviennent également dans le succès de notre travail. Hyundai, par rapport au consommateur tunisien, offre aujourd’hui le meilleur rapport qualité-prix et service. Obtenir trois fois de suite le prix «Élu meilleur service client de l’année», ce n’est pas le fruit du hasard.

Quelle place occupe le service client dans votre vision et votre approche du travail ?
Donner de l’importance au service est primordial. Quand le consommateur achète une voiture, il s’offre avant tout un outil pour sa mobilité. Si la pièce de rechange est indisponible et le service n’est pas en mesure de répondre à ses attentes, sa voiture s’en retrouvera immobilisée.

De même, s’il n’y a pas de bonne couverture réseau, il perdra du temps pour entretenir sa voiture. L’achat d’un véhicule est donc un investissement pour se déplacer. Nous devrons lui maximiser les chances pour que sa voiture soit toujours prête à être utilisée et cela passe par la disponibilité des pièces, la formation des techniciens, le réseau étendu, l’écoute client, etc. Ce sont tous des paramètres qui interviennent pour la réussite d’un concessionnaire.

Il est indispensable d’avoir une équipe compétente et compétitive

Et si je devais choisir, j’opterais pour un service de qualité plutôt que vendre le maximum de voitures. Mais être capable d’assurer les deux, c’est encore mieux. Il serait possible –accidentellement- de réaliser les meilleures ventes en raison d’un facteur externe comme les quotas, le changement de modèles chez le concurrent ou à cause d’un problème lié à l’homologation mais pas quand il s’agit de service. C’est sur la base de celui-ci que nous pourrons améliorer notre image de marque, vendre plus et aller vers le premium.

Sans un bon service, il est difficile de vendre des voitures chères. Personnellement, j’ai passé 15 ans en étant directeur d’un service après-vente et je sais pertinemment ce que vaut le service pour le client. Celui-ci est capable de détester ou au contraire adorer une marque en raison de l’après-vente qu’elle propose. Par conséquent, nous nous appliquons constamment pour améliorer notre service.

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« La tendance actuelle est d’acheter un véhicule électrique en tant que deuxième ou troisième voiture ».

Nous avons, par exemple, mobilisé deux personnes dans le service front office afin de faire le suivi des appels et des requêtes des clients. Le plus important pour nous, c’est de bâtir une image appréciée autour de Hyundai. En ayant composé une bonne équipe, je joue aujourd’hui le rôle du chef d’orchestre qui crée une bonne ambiance afin de produire de beaux morceaux.

Y-aura-t-il des hausses au niveau des tarifs de transport à cause de la situation du trafic maritime qui prévaut actuellement en Mer Rouge ?

À partir de mois de janvier, il y aura une augmentation considérable du coût du transport parce que l’acheminement des marchandises prend désormais beaucoup plus de temps. Cela va toucher tout le commerce mondial et pas seulement l’automobile. Nous parlons actuellement d’une hausse de 30% des taux du fret avec des délais de livraison plus longs.

 Il faudrait plafonner la puissance fiscale à 9 chevaux pour encourager les entreprises à acquérir des voitures électriques

Au niveau des modèles de véhicules, quelles sont les voitures les plus appréciées chez Hyundai ?
En réalité, chaque modèle est le plus apprécié dans son segment. La Hyundai i10 est la plus vendue dans son segment. Idem pour l’i20 qui enregistre les plus grands volumes. Les modèles Tucson, Tucson hybride et i30 sont également appréciés.

Quelles nouveautés sont-elles prévues en 2024 ?
En ce qui concerne 2024, nous essaierons d’aller plus vers le premium. Les nouveaux modèles seront plutôt orientés vers l’électrique et l’hybride. Quant au réseau, il y aura principalement une nouvelle agence à Gabès qui ouvrira au cours du premier trimestre de l’année.

Qu’en est-il de la région nord-ouest ?
Nous avons tenté le coup à maintes reprises, mais nous n’avons pas trouvé encore la bonne opportunité pour implanter une agence Hyundai. Nous sommes en quête d’un promoteur convaincu du projet et susceptible de véhiculer une image à la hauteur de la marque.

Gardez-vous le même modèle populaire en 2024 et en quelles quantités ?
Nous continuerons avec l’i10 qui vient d’être restylée fin 2023. Le gouvernement n’a pas encore fixé les quotas pour cette année.

Vous avez commencé le lancement de votre gamme électrique en Tunisie. Quelle stratégie avez-vous pour cette niche ? Comment voyez-vous son développement dans les prochaines années ?
Nous suivons la tendance mondiale mais il faut, en réalité, encore du temps pour l’électrique en Tunisie à cause de l’indisponibilité de l’infrastructure. Le Tunisien est prêt aussi à s’approprier cette technologie pour suivre ce mouvement de masse mondial vers l’électrique. Mais il y a toujours ces contraintes liées à l’infrastructure de recharge. La tendance actuelle est d’acheter un véhicule électrique en tant que deuxième ou troisième voiture. Et pour généraliser l’électrique, les bornes de recharge devront être répandues sur tout le territoire tunisien.

Les pétroliers sont les premiers qui devraient être intéressés pour installer des bornes de recharge étant donné qu’ils vont perdre en chiffre d’affaires vu que l’électrique va se faire au détriment de la voiture thermique. Si toutes les stations-service en sont équipées, ce serait déjà un bon pas pour encourager les potentiels acheteurs. De même pour les grandes surfaces et les parkings publics avec deux ou trois bornes gratuites qui pourraient y être installées. Dans ce registre, je rappelle que nous avons tenu des réunions avec l’ANME (Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie) et le ministère de tutelle. Nous avons l’impression que les choses vont finalement bouger au niveau de la STEG qui a le monopole de la vente de l’électricité. Nous commençons aujourd’hui à parler de plus en plus de tarification.

Quand le consommateur achète une voiture, il s’offre avant tout un outil pour sa mobilité

Si nous avons vraiment l’intention d’encourager les entreprises à acquérir des voitures électriques, il faudrait plafonner la puissance fiscale à 9 chevaux. En outre, le leasing va être pénalisé de son côté étant donné qu’il est soumis à une TVA sur le loyer de 19%. Logiquement, il aurait dû être soumis aussi à une TVA de 7% comme le concessionnaire. En résumé, afin de généraliser l’électrique, il faudra d’abord rendre l’infrastructure disponible et mettre en place des incitations susceptibles d’encourager le consommateur à acheter et à utiliser la voiture électrique.

L’activité de reprise de voitures d’occasion fait-elle partie de vos futurs projets ?

Tant qu’il n’y a pas de repères clairs permettant de déterminer la valeur d’une voiture, il est difficile de se lancer dans le service de reprise des voitures d’occasion. De plus, le cadre juridique n’est pas assez clair, particulièrement en ce qui concerne la TVA appliquée sur la marge de bénéfice.

Nous essaierons d’aller plus vers le premium en 2024

Comment imaginez-vous le cahier des charges annoncé par le gouvernement pour régir le métier de l’importation et de la distribution des véhicules ? Pensez-vous à une ouverture du marché ou à un éventuel serrage de vis ?

A mon avis, nous nous dirigeons vers l’ouverture du marché, notamment avec la levée de la décision ministérielle de 2016 et les restrictions en relation avec l’octroi des agréments. Or, cette ouverture devrait être accompagnée de nouvelles exigences au niveau de l’homologation, des investissements et du réseau. De toutes façons, le marché est libre et je pense que les autorités, avec cette décision, veulent appliquer la loi, y compris la suppression du système des quotas.

 Mais cela ne va-t-il pas ouvrir le marché à beaucoup d’entrants et à plus de concurrence ?  

En tant que Chambre syndicale des concessionnaires automobiles, nous avons toujours bataillé pour l’ouverture du marché à la concurrence. Nous avons défendu le droit des marques existantes qui n’avaient pas le droit d’importer les véhicules particuliers pour en bénéficier.

Plusieurs marques peuvent aujourd’hui ramener des voitures particulières grâce au travail de la Chambre qui a su convaincre le ministère du Commerce de cette idée. Nous avons également bataillé pour la libéralisation de l’importation des camions qui étaient soumis aux quotas.

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