Célébrant cette année son 50e anniversaire, le salon de l’after-market et des services de la mobilité Equip Auto Paris, qui se tiendra du 14 au 18 octobre 2025 à Paris Expo Porte de Versailles, se veut exceptionnel de par son contenu qui s’annonce riche et varié. Philippe Baudin et Aurélie Jouve, respectivement, président et directrice d’Equip Auto, nous expliquent tout ce qu’il faut savoir sur ce grand rendez-vous pour les professionnels de l’automobile ainsi que sur la participation tunisienne.
En 50 ans, Equip Auto a su s’adapter avec son temps. Comment le salon a-t-il évolué et quelles sont les grandes étapes qui l’ont marqué ?
Philippe Baudin : le salon Equip Auto a été créé en 1975 sous l’impulsion de Paul-Jean Souriau qui a eu l’idée de donner de la lumière aux équipementiers et aux fabricants d’équipements d’ateliers. Au départ, c’était un salon annuel jusqu’au début des années 1980 où il s’est engagé sur un rythme biennal. Avec la crise des Subprimes à la fin des années 2000, le salon est passé par une autre étape importante poussant l’actionnaire majoritaire d’Equip Auto, la Fiev (Fédération des industries des équipements pour véhicules), à se poser une question fondamentale : le salon doit-il continuer à vivre ou pas ? La décision a été prise à l’époque par Claude Cham qui fit le choix de continuer à faire vivre ce salon. Celui-ci a su évoluer au fil du temps.
Le sujet de l’environnement et de l’économie circulaire va occuper une place capitale sur Equip Auto.
Le salon qui se tenait à Porte de Versailles Paris a migré au Parc des expositions de Villepinte au nord de Paris lorsqu’il a pris son rythme biennal. Il y est resté jusqu’en 2017, date à laquelle nous avons pris la décision de revenir à la Porte de Versailles. C’était une sage décision voulant récréer de l’émulation au niveau des exposants et des visiteurs. Après l’édition réussie de 2019, qui confirmait le retour à la Porte de Versailles, la crise du Covid nous a obligés une nouvelle fois à repenser notre dispositif.
Après la levée fin 2020 de l’enfermement dans lequel nous étions tous, il était trop tard pour organiser le salon en 2021 et nous avons en effet pris la décision de le repousser à 2022. Cette édition était qualitativement exceptionnelle. Certes, elle n’a pas pu répondre à toutes nos attentes au niveau international parce qu’il y avait des contraintes budgétaires et un aspect de crainte de la part des exposants. Pour autant, nous avons délivré un beau salon sur trois halls. Il était extrêmement qualitatif avec des stands magnifiques.
C’était grosso modo un très bel exercice. Puis, nous avons créé le format Equip Auto On Tour avec l’objectif d’aller dans les régions. L’événement a eu lieu en 6 dates d’une journée chacune dans 6 villes différentes. Nous avons emmené avec nous une centaine d’exposants pour chaque rendez-vous. En 2023, nous avons décidé de dupliquer le modèle de la Paris Automotive Week à Lyon avec un format réduit de trois jours regroupant Equip Auto d’un côté et le Salon de l’automobile de Lyon de l’autre.
Cet exercice a également très bien fonctionné. En 2024, nous avons décidé de repartir en régions d’autant plus que nous avions pris la décision de reporter le salon à 2025, année qui coïncide avec son 50e anniversaire. Nous nous dirigeons d’ailleurs vers une édition qui va marquer les esprits. En 2026, il y aura également le 20e anniversaire d’Equip Auto Alger qui fut le premier drapeau posé à l’international. Voici donc les évolutions du salon qui a dû s’adapter aux attentes de nos clients visiteurs et exposants.
Quelles sont maintenant les grandes nouveautés de cette édition spéciale d’Equip Auto 2025 ?
Aurélie Jouve : Il s’agira essentiellement de nouveaux secteurs d’activité qui feront leur apparition sur Equip Auto car un salon est le reflet d’un marché et de ses grands enjeux. Nous aurons d’abord le secteur de la connectivité, de la conduite autonome et de l’infodivertissement, notamment avec l’arrivée du SDV (Software Defined Vehicule ; véhicule défini par le logiciel, ndlr) qui va profondément changer le milieu de la rechange automobile. Nous retrouverons ce nouveau secteur au « Village de la Tech » où nous aborderons et montrerons de façon pédagogique aux réparateurs et au monde de la distribution comment ces nouvelles technologies vont contribuer à modifier profondément les métiers et le visage de la filière automobile.
En 2022, la Tunisie était le cinquième pays en nombre de visiteurs.
D’autres secteurs comme les deux et trois roues motorisées et les véhicules sans permis feront également leur apparition. Bien qu’il s’agisse de petits marchés, ils nécessitent aussi de la réparation, de l’équipement et des ateliers. Nous y aborderons également la question de la transition climatique et de la responsabilité sociétale des entreprises. Ce sujet de l’environnement et de l’économie circulaire va occuper une place capitale sur Equip Auto comme la pièce de réemploi et le recyclage qui y fera également son apparition. Puis, il y aura tout l’écosystème lié au véhicule électrique avec les infrastructures de recharge et les énergéticiens qui seront présents pour la première fois à Equip Auto.
Parlant de l’électrification, comment cette question y sera traitée ?
Philippe Baudin : Plusieurs points en liaison avec l’électrification seront abordés comme la formation. Nous bénéficierons du support de nos équipementiers directement liés à cette mutation technologique. Ils nous aideront à accompagner et à informer les réparateurs sur ce qu’ils auront à affronter aujourd’hui et demain dans leurs ateliers.
Ce sera un point de transmission de l’information entre le fournisseur des nouvelles technologies et celui qui va être confronté à l’entretien d’un véhicule disposant de ces nouvelles technologies. Un autre point qui n’est pas nouveau pour Equip Auto, mais qui y sera également présent, celui de la formation des jeunes arrivant sur ce marché qui composeront le panel des réparateurs de demain. Un village baptisé « Avenir » sera réservé au salon pour cette raison.
Il revêt une importance particulière car nous y parlerons et reparlerons de la mutation technologique à laquelle nous faisons face actuellement dans la mobilité. De plus, nous fêterons lors de cette édition les 40 ans des Innovations Awards. Et comme à chaque édition, il n’y a aucun doute là-dessus, nous remettrons des prix à des gagnants qui auront un impact sur ces nouvelles technologies. En outre, nous faisons confiance à notre réseau de distribution pour informer les réparateurs sur ces nouvelles technologies et accompagner les réparateurs sur l’électrification car c’est un bouleversement pour eux de passer du véhicule thermique au véhicule électrique. La manipulation est totalement différente. Il faut avoir suivi un cycle de formation permettant de transporter, de réceptionner, d’entretenir et de rendre le véhicule au client.
Y-aura-t-il des nouveautés par rapport aux Grands prix internationaux de l’innovation ?
Philippe Baudin : Il y aura entre 120 et 150 candidats. En ce qui nous concerne, ce sera un très bon moyen pour mettre en avant les nouvelles technologies et les nouveaux outils auxquels vont être confrontés les réparateurs.
Comment évaluez-vous l’expérience de l’organisation conjointe du salon Equip Auto et du Mondial de l’Auto ? Pensez-vous renouveler cette expérience ?
Philippe Baudin : Quand nous avons décidé de monter la Paris Automotive Week et d’organiser conjointement les deux salons en même temps et au même endroit, c’était important pour nous parce qu’il y avait une demande. Toutefois, chacun des deux salons a eu son périmètre étant donné qu’Equip Auto reste un salon B2B et le Mondial de l’Auto demeure un salon B2C. Le lien entre les deux était la Paris Automotive Week durant laquelle nous avons proposé des forums à l’ensemble des acteurs de la filière automobile pour évoquer des sujets sans tabous qui concernent, entre autres, l’électrique et les réactions que tout le monde peut avoir en discutant du devenir de l’automobile.
Il s’agissait d’une expérience extrêmement intéressante et enrichissante ayant marqué les esprits parce que c’était une première mondiale. Nous l’avons renouvelée en 2023 à Lyon avec un succès tout aussi probant. Nous avons enregistré une bonne fréquentation d’un côté comme de l’autre. Je pense qu’il est important aux réparateurs de tout avoir en un même lieu. Est-ce que demain nous reproduirons cet exercice ? Peut-être. Néanmoins, il reste la problématique du calendrier et des agendas nationaux et internationaux qui font que l’organisation des événements en même temps est parfois compliquée. Nous sommes toujours partants pour ce type d’opération car elle correspond aux attentes de nos clients et surtout des visiteurs.
Nous pensons que la Tunisie aura demain une place importante dans le monde de l’automobile.
Qu’attendez-vous de la participation tunisienne au salon Equip Auto 2025 ?
Aurélie Jouve : Nous aurons la chance d’accueillir beaucoup de pavillons nationaux au salon où nous avons réservé une belle place à la Tunisie et aux entreprises tunisiennes qui seront présentes également sur leurs stands. Cette participation collective portée par la TAA et la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française va permettre, à la fois, aux petites et aux grandes entreprises, de se réunir sous un pavillon tunisien et de pouvoir effectivement valoriser le know-how et toute l’expertise tunisienne à l’instar des entreprises opérant dans les secteurs des batteries et des lubrifiants affichant leur envie de se mobiliser pour être présentes à Equip Auto.
Les Tunisiens ont été toujours parmi les premières nationalités prenant part au salon. Quelle est votre perception de cet engouement ?
Aurélie Jouve : En 2022, la Tunisie était le cinquième pays en nombre de visiteurs.
Philippe Baudin : C’est important pour nous avec l’émergence d’un savoir-faire tunisien probant. Aujourd’hui, dans tout ce qui est nouvelles technologies, les Tunisiens en ont largement la capacité et une vraie carte à jouer. Il faut aussi arrêter aujourd’hui de considérer que les pays ayant une histoire moins imprégnée d’automobile sont moins forts. La preuve ? Prenons l’exemple de l’industrie européenne dans son ensemble qui était extrêmement forte, mais aujourd’hui elle est en train de vaciller parce qu’il y a les Chinois qui sont arrivés.
Cela veut dire que les places ne sont pas indétrônables. Si la Tunisie met demain en lumière son savoir-faire technologique notamment au niveau des composants électroniques, elle aura effectivement une place à jouer. Nous avons décidé de commencer notre tournée internationale par la Tunisie parce que nous pensons que ce pays aura demain une place importante dans le monde de l’automobile. Au-delà du fait qu’elle soit troisième, quatrième ou cinquième en nombre de visiteurs, le plus important est de réaliser une véritable représentativité du savoir-faire automobile. Et la Tunisie en est particulièrement un très bon exemple.

Et dans votre stratégie d’aller vers l’international, une version tunisienne du salon Equip Auto est-elle envisageable un jour ?
Philippe Baudin : Aucune porte n’est fermée. Mais il faut savoir que monter un salon ne se fait pas en un claquement de doigt. Avec l’expérience qui est la nôtre aujourd’hui et les équipes d’Aurélie Jouve qui maitrisent parfaitement leur sujet, monter un salon comme Equip Auto nécessite entre 18 et 24 mois de travail.
C’est un travail long qui s’établit sur la base d’une concordance de points de vue. Il faut que tout le monde soit partie prenante dans la réalisation de l’événement. Monter un salon n’est pas en fait compliqué mais Equip Auto est avant tout une mise en avant des compétences, du savoir-faire industriel, etc. Il ne s’agit plus d’une simple réservation d’un parc d’exposition mais de tout un long processus de travail. A partir du moment où tout le monde a un esprit convergent vers l’objectif à atteindre pour monter un salon, il y aura la possibilité de le faire en Tunisie.
Dans le comité de pilotage, nous ne nous interdisons rien. Il faut simplement que tout le monde soit tourné vers le même esprit et que tout le monde ait le même objectif.
Votre souhait est-il également de faire participer les constructeurs automobiles au salon Equip Auto ?
L’objectif d’Equip Auto est de réunir la chaîne automobile amont/aval, c’est-à-dire à partir du constructeur jusqu’au réparateur. Historiquement, nous avons eu Stellantis, Renault et Ford avec nous. En 2022, nous avons aussi vu l’arrivée de BMW qui n’était jamais venue à Equip Auto auparavant.