La nouvelle loi de finances 2026 votée par le Parlement va alourdir les taxes sur les hybrides non rechargeables (HEV) à partir d’une certaine motorisation. Et sur le marché, le seul modèle concerné est la Toyota RAV4 qui va subir les conséquences de cette mesure. Explications.
Moez Belkhiria se pose des questions. Le directeur général de BSB, concessionnaire de la marque Toyota en Tunisie, ne comprend pas pourquoi la nouvelle loi de finances 2026 a consacré un article qui vise tout particulièrement l’un de ses modèles, en l’occurrence la RAV4 hybride auto rechargeable (HEV), par un texte qui va pénaliser sa commercialisation dans le sens où elle va être taxée à hauteur de 88% alors qu’elle n’était soumise jusqu’à présent qu’à un droit de consommation de 44%.
Une décision ciblée ?
Alors que la loi de finances 2026 a décidé de réduire considérablement ce droit (à 0%) et la TVA (de 19 à 7%) sur les hybrides rechargeables (PHEV) au même titre que les voitures 100% électriques, la RAV4 se retrouve être le seul modèle à subir cette mesure spécifique que le premier responsable du concessionnaire a du mal à expliquer tant elle ne répond à aucune logique selon lui. Ce modèle phare, vendu à plus d’1,2 million d’exemplaires dans le monde et SUV le plus vendu dans sa catégorie jusqu’à présent, va être proposé dans sa nouvelle version 2026 sur le marché tunisien à pas moins de 220.000 DT au lieu de 185.000 DT approximativement prévus.
Droits de consommation revus à la hausse
Cette décision est en fait le résultat d’un article introduit par le ministère des Finances qui stipule que les véhicules avec un moteur thermique de plus de 1.7 l seront soumis à des droits de consommation plus élevés. Et dans le cas d’espèces, il se trouve que seule la RAV4, dont la cylindrée est de 2.5 l, est frappée par cette mesure qui finalement n’impacte pas les deux autres marques concurrentes, celles-ci étant équipées d’un moteur thermique de 1.6 l. et, par conséquent, ne seront pas concernées par la mesure.
Chez Toyota, on ne comprend donc pas le pourquoi de cette décision qui a été prise et qui va pénaliser le consommateur final. « Pourquoi la loi de finances 2026 a spécifiquement écarté la RAV4 en tant qu’hybride non rechargeable de l’avantage fiscal ? », s’interroge le responsable de BSB.
Ce qu’il faut savoir, c’est que jusqu’à présent, tout véhicule hybride bénéficiait d’un abattement des droits de consommation de 50%. Mais tout dépendait de la cylindrée. A titre d’exemple, un modèle hybride non rechargeable doté d’un moteur 1.7 l payait 68% de droit de consommation. Et pour un hybride rechargeable, c’était 34%. Pour le cas de la RAV4, elle bénéficiait jusqu’à présent d’un abattement qui lui permettait de ne payer que 44% de droit de consommation jusqu’à fin 2025.
« Qui a pris une décision de la sorte ? Un ingénieur en mécanique ou un fiscaliste ? », s’interroge M. Belkhiria, qui déplore le fait qu’une corrélation entre cylindrée élevée et consommation ait été faite de manière superficielle. « Si l’on part du principe établi que plus la puissance fiscale est élevée et plus la consommation est élevée, la RAV4 est à 9 CV, les deux marques concurrentes sur le segment sont aussi à 9 pour l’une et à 10 CV pour l’autre; ces deux dernières profiteront pourtant de l’abattement fiscal. » La logique de taxer les voitures avec la puissance fiscale la plus élevée n’a donc plus sa raison d’être selon le responsable qui en déduit qu’il s’agit de privilèges accordés à certains modèles et pas à d’autres.
Plus encore, la taxation va toucher le modèle le plus vendu en 2025 sur son segment, la RAV4 qui s’est écoulée à 650 unités, contre ses deux concurrents directs qui ont vendu respectivement 150 et 200 véhicules. «Cette loi a été prise pour tout simplement écarter la RAV4 du marché», en conclut le directeur général de BSB qui rappelle que ce modèle ne consomme que 4,5L/100km, ce qui s’inscrit dans la politique de rationalisation de la consommation de carburant pourtant voulue par les pouvoirs publics.
