Comet, acteur majeur de la construction métallique notamment des semi-remorques depuis 1971, décidait il y a quelques années de développer sa propre concession automobile.
Bénéficiant de sa longue expérience de 50 ans au service du transport et de l’industrialisation, il a ramené il y a cinq ans en Tunisie l’une des marques les plus puissantes en Chine, DONGFENG avec ses camions et récemment les véhicules particuliers et sa filiale DFSK avec leurs mini-trucks.
Tous les modèles commercialisés par le concessionnaire NIMR en Tunisie sont montés localement. Ce qui lui permet de regarder également l’avenir avec optimisme mais positionné au-delà du seul marché local.
Malgré un contexte difficile, l’année 2020 s’annonce pleine de nouveautés et de nouveaux projets chez le concessionnaire.
Vous représentez les marques chinoises DFSK et DONGFENG. Comment les choses se déroulent-elles dans le contexte économique actuel de la Tunisie ?
Depuis 2017, le marché de l’automobile suit une courbe baissière. Le droit de consommation qui a fortement augmenté a fait beaucoup de dégâts au secteur mais également au consommateur final. Cela s’est répercuté clairement sur la demande qui ralentit. Le segment des VU est le plus touché. Dans ce contexte difficile et l’augmentation répétitive des prix, nous avons pensé importer la camionnette DFSK, un modèle utilitaire qui correspond aux besoins du consommateur et avec un petit budget. C’est le choix le mieux adapté aux besoins du Tunisien en termes de rapport qualité-prix. Grâce à ce choix et un grand effort déployé de notre part afin de changer les mentalités, nous sommes rapidement devenus le deuxième concessionnaire en termes de vente de pick-ups avec plus de 1200 DFSK vendues à fin 2019. Nous sommes les seuls sur le marché à proposer cette offre de camionnette représentant un nouveau segment. Il s’agit d’un mini-truck qui n’est ni un pick-up ni une fourgonnette. Toutefois, il peut faire office de pick-up vu qu’il est modulable et peut accueillir tout type d’équipements de travail. Cela a contribué à l’employabilité des jeunes et à la résorption du chômage. En outre, en termes de consommation, dans tous les segments où nous sommes présents, nos produits ne sont pas gourmands par rapport aux autres produits similaires commercialisés sur le marché. Même pour la DFSK qui est équipée d’un moteur essence 1.1 sur un marché où 80% des véhicules roulent au gasoil, les clients sont satisfaits. Le coût d’entretien de la DFSK est beaucoup moins cher qu’un pick-up. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour que nous puissions imposer la camionnette DFSK qui est commercialisée en trois versions : simple cabine, cabine et demi et double cabine.
Il y a par ailleurs les camions légers DONGFENG. Là aussi, nous sommes très concurrentiels. Nous sommes parvenus à classer nos véhicules au troisième rang sur le segment en 2019. Idem pour le marché des camions de gros tonnage. Nous avons vendu 360 camions en 2019 entre le E21 de 3,5 tonnes, le C93 de 8,2 tonnes et le C24 de 10 tonnes. C’est un exploit vu que tout le marché était en baisse. Cependant, à partir de 2020, la crise a commencé à se faire sentir même avec la DFSK qui se vend seulement à 26.900 DT parce que les sociétés de leasing et les institutions financières sont devenues très exigeantes en termes d’octroi de crédits en imposant désormais 35% d’autofinancement. A cela s’ajoute un taux directeur de plus de 15%. Nous sommes donc en train de voir d’autres solutions intermédiaires et d’autres alternatives. Nous avons récemment signé une convention avec une institution de micro-finance dans le but de faciliter le financement d’achat pour la DFSK.
Le montage des véhicules se fait-il en SKD (Semi Knocked Down) ou en CKD (Completely Knocked Down) ?
Actuellement, le montage de tous les véhicules se fait en SKD. Toutefois, nous pensons aller progressivement vers le montage en CKD pour tous les modèles.
Vous avez lancé sur le marché un véhicule particulier, la S50. Comment se porte sa production ?
En ce qui concerne la berline DONGFENG S50, 2019 était sa première année de lancement. La commercialisation a commencé en juin 2019 avec une seule finition (manuelle) et à partir du mois de décembre dernier, nous avons débuté la commercialisation de la version automatique. Nous avons terminé l’année avec 210 immatriculations. Depuis janvier 2020, la S50 demeure le leader sur le segment C de 5 places devançant ainsi toutes ses concurrentes européennes et chinoises.
Avez-vous la capacité de production requise pour répondre à la demande ?
Nous sommes à un rythme de 35 unités par mois. Nous avons choisi d’aller doucement. Nous avons tablé sur 200 voitures en 2019. Nous n’avons pas voulu aller plus vite au démarrage afin de consacrer le temps nécessaire à la formation. En effet, notre partenaire DONGFENG est en permanence présent dans nos usines dans le but de veiller à la formation des équipes et à la qualité des produits. Ils veillent à l’assistance, au contrôle, aux essais sur route, à surveiller la qualité de la finition, etc. Si nous avions eu une usine qui produisait 4 unités par jour, nous aurions atteint 600 unités vendues facilement. La demande sur la voiture est importante et dépasse notre capacité de production actuelle. Mais pour 2020, nous avons placé la barre un peu plus haut en adoptant une stratégie de travail à long-terme. Nous ne cherchons pas en effet le gain immédiat mais plutôt à réunir tous les facteurs indispensables au succès du projet. D’ailleurs, nous ne comptons pas nous arrêter au simple montage des voitures en Tunisie mais faire de la Tunisie une plateforme pour conquérir l’Afrique. Avec l’ouverture de la nouvelle usine, nous pourrons servir l’Afrique et faire de l’export.
Quelle est votre position par rapport à ceux qui considèrent que le coût du montage d’un véhicule revient plus cher que son importation tout fait ?
Même en faisant du montage, nous continuons à payer des taxes. L’Etat n’encourage pas suffisamment cette activité. Et comme nous sommes en phase de démarrage, nous produisons encore en petite série. En effet, cela nous coûte plus cher. Quand nous passerons à la production en grande série, cela va alléger les charges et le montage deviendra moins coûteux. Il faut franchir le pas même en gagnant moins pour grandir et gagner plus après.
Qu’est-ce que vous attendez du nouveau gouvernement sur le plan administratif et réglementaire pour que vous puissiez continuer à assurer une croissance optimale à votre entreprise ?
Encourager davantage les importateurs de voitures à faire le montage en Tunisie. Idem pour les équipementiers. Si nous avions trois ou quatre constructeurs en Tunisie, cela changerait la situation de certaines sociétés tunisiennes comme la STIP. Ce qui est important aussi dans notre coopération avec DONGFENG, c’est que notre partenaire a la volonté d’acheter des composants automobiles de la Tunisie pour les monter dans leurs véhicules en Chine. C’est un partenaire qui veut travailler gagnant-gagnant, même si ça coûte un peu plus cher.
Quels sont vos objectifs de développement du réseau ?
Je rappelle tout d’abord que nous avons commencé par une usine de montage à M’ghira puis un point de vente à Ben Arous et un autre à la Charguia qui se sont renforcés progressivement par un troisième point à Sousse, un quatrième à Sfax et un cinquième à Médenine. Notre stratégie était d’avoir nos propres points de vente. Maintenant, après 5 ans de présence sur le marché, nous comptons changer notre fusil d’épaule en développant le réseau à travers des sous-concessions. Au cours des prochaines semaines, il y aura une nouvelle ouverture à Béja, une deuxième qui va suivre à Sfax, puis une troisième à Nabeul. L’idée est de couvrir les régions nord-ouest et le Cap-Bon. D’autres ouvertures à Gafsa et à Djerba auront également lieu au cours de cette année pour couvrir la région sud. Notre flotte s’élargit de plus en plus. On vend plus de 1200 unités par an. Nos clients ont besoin d’un service de proximité et de disponibilité de pièces de rechange. Nous œuvrons donc à satisfaire leurs besoins parce que la proximité et la qualité du SAV sont la clé de la réussite d’une concession automobile. Je rappelle encore qu’en 2019, nous avons aussi ouvert des points de SAV avec des partenaires à Gabès et à Médenine.
La satisfaction de la clientèle passe aussi par l’amélioration et la diversification de la gamme de véhicules. Quelle est votre position à ce sujet ?
Nous réalisons régulièrement des enquêtes de satisfaction client et nous veillons à améliorer continuellement le produit et la qualité des services. Dans cette lignée, j’annonce qu’il y aura prochainement un relooking total pour toute la gamme DFSK à savoir : look, design et motorisation. Nous comptons par ailleurs lancer un nouveau modèle dans la gamme des camions. Nous avons le camion E21 de 3,5 tonnes châssis long et court, le C93 de 8,2 tonnes et le C24 de 10 tonnes. Nous allons ajouter un quatrième modèle, le C72 de 7,8 tonnes. Des améliorations aux niveaux mécanique, pièces, performance seront entreprises.
Pour la disponibilité des pièces de rechange, nous cherchons des alternatives afin d’éviter les durées d’attente longues. Nous engageons plus d’équipementiers tunisiens afin de fournir aux clients les pièces consommables dans des délais plus courts. Pour la voiture, les retours sont très positifs d’autant plus que nous sommes toujours dans une dynamique d’amélioration. La garantie de 5 ans pour la VP rassure les clients. Sur ce segment, nous essayerons de nous démarquer par l’offre de produits qui seront complètement différents par rapport à ce qui est déjà sur le marché mais aussi par la qualité des services. J’ajoute également que nous avons développé des ateliers mobiles en vue de répondre aux besoins de nos clients sur tout le territoire national. De plus, un troisième atelier a été mobilisé et dédié spécialement à un client grand compte.